Les arts & métiers


Les malgaches sont souvent très ingénieux et inventifs dans certains métiers dont les savoirs faire se sont parfois perdus ailleurs...

 
 

 

 
La peinture, un art minutieux
 

 
Des figurines hautes en couleur
 

 
Un héritage au travers du temps

De Nuremberg à Talatamaty, 
La petite histoire du soldat de plomb


    Il était une fois un enfant en pleine admiration devant une boutique, le nez collé à la vitrine. Son grand-père qui avait compris entra dans le magasin  et ressortit peu après avec une boîte rouge. Dedans il y avait le Général Poniatowski à cheval, son tout premier soldat de plomb ! 35 ans plus tard le même gamin devenu homme était directeur de fabrication chez CBG Mignot, la société qui produit ces jouets et représente 80% du marché mondial de soldats de plomb. Jean Pierre Lobel a aujourd’hui ses quartiers à Talatamaty dans les faubourgs d’Antananarivo. Art Diffusion y produit 8000 pièces par mois et continue à être sous-traitant de CBG Mignot.

Et Nuremberg dans l’histoire ? On y arrive ou plutôt on en vient…

    Certains voudront remonter à tous prix aux soldats en terre cuite de Chine ou à ceux de bois découverts dans la tombe du Prince Emsah en Haute Egypte. Il est néanmoins généralement admis que les vrais précurseurs des soldats de plomb sont les figurines militaires plates dont on attribue la paternité à un artisan-fondeur de Nuremberg. Elles étaient en étain et mesuraient de 30 à 40 millimètres des yeux aux talons. Il aura fallu attendre la Révolution française pour qu’un certain M.Lucotte crée les premiers vrais soldats de plomb “rond de bosse” c’est-à-dire en 3 dimensions. Aussi mal nommés que l’encre qu’on appelle “eau noire” en malgache qu’elle soit bleue, verte ou rouge, les soldats de plomb sont en fait en alliage car combinant l’étain, le plomb, le bismuth, le cuivre et l’antimoine. Même le mot “soldat” est impropre, les thèmes ne connaissant pratiquement pas de limite : civils hommes et femmes, maisons, animaux, arbres… CBG Mignot a créé les premiers dinosaures, les premiers trains statiques, les premiers bateaux, et même le Crazy Horse Saloon ! Elle comptabilise 25.000 références, et comme chaque sachet de référence contient un minimum de 6 pièces, il est tout simplement impossible d’en avoir la collection complète.

    La fabrication du soldat de plomb passe par plusieurs étapes à partir de l’idée et des dessins où l’on recherche les volumes, les formes, les attitudes. Il y a la réalisation de la maquette longue et difficile surtout lorsqu’il s’agit de représenter quelque chose d’abstrait, celle du moule en plâtre ou en silicone destiné à recevoir l’alliage, l’ébarbage, le montage des divers éléments, la peinture faite minutieusement à la main et qui nécessite un long apprentissage. Jean Pierre Lobel l’affirme, il est plus facile d’apprendre à se servir d’un ordinateur que de tracer une ligne droite avec un pinceau !

    En tant que jouet, le soldat de plomb est fait pour être manipulé. La figurine de collection, elle, “se joue” uniquement avec les yeux. Montée sur socle, on la met en vitrine pour mieux la contempler. Dans ce domaine Art Diffusion travaille surtout sur le 18è siècle mais a aussi réalisé plusieurs séries sur Madagascar, ses anciens rois et reines ainsi que les danseurs et musiciens traditionnels.

    Comment expliquer le succès du soldat de plomb qui a quand même déjà 200 ans d’âge ? Le jouet est devenu un objet de collection très recherché et procurant un placement rentable au même titre qu’une œuvre d’art. A côté de cet aspect lucratif et comme le dit si bien notre interlocuteur, on entre là “dans un monde idéal puisé dans le réel ou l’imaginaire où l’homme est à sa dimension, tout petit dans un univers immense”. Témoin de l’histoire, témoin de la vie, le soldat de plomb continuera à faire rêver les générations tant qu’il y aura des grands petits enfants…