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Les amphibiens malgaches sont représentés uniquement par les grenouilles qui font partie de l'ordre des Anura ("sans queue"). Il n'y a donc ni triton, ni salamandre (ordre Urodela, typique de l’Hémisphère Nord). Les grenouilles malgaches se sont diversifié depuis la séparation de Madagascar du continent "Gondwana" puisque l'on recense aujourd'hui plus de 170 espèces différentes. Seulement trois familles de grenouilles vivent à Madagascar : Les Ranidés, les Microhylidés et les Hyperoliidés, dont 9996 des espèces sont endémiques.
Les grenouilles Les Ranidés sont représentés par trois sous-familles : les Raninés, les Mantellinés et les Rhacophorinés. Les Raninés sont constitués par l'espèce Ptychadena mascareniensis, qui, par sa morphologie et son comportement, s'apparente aux grenouilles de l' Hémisphère Nord. Laliostoma labrosum est une espèce du sud et de l'ouest malgache. La grenouille tigre, Hoplobatrachus tigerinus, a été importée à Madagascar par les immigrants de l'Asie du sud-est, dont les pattes postérieures sont plus connues dans la gastronomie sous le terme de "cuisses de nymphes".
Les rainettes Les espèces malgaches les plus particulières sont celles qui appartiennent aux genres Mantella et Mantidactylus de la sous-famille Mantellinés. Les espèces du genre Mantella se caractérisent par une coloration très contrastée avec des taches jaunes, noires, vertes, qui indiquent, en général, leur venimosité. En fait au niveau de la peau, les Mantella métabolisent des alcaloïdes qu'elles absorbent en mangeant des insectes (fourmis), et qui les protègent des prédateurs. Ce type de produit chimique est très proche, pour ne pas dire identique, aux substances d'un autre groupe de grenouilles, les Dendrobatidés, qui vivent en Amérique Centrale et du Sud. Ces phénomènes rencontrés en parallèle chez les Mantellinés et les Dendrobatidés illustrent "la convergence évolutive" avec une similarité des adaptations à des contraintes de la nature chez deux groupes que tout le reste sépare. Les Mantella les plus connues sont celles de couleur rouge provenant de la région d'Andasibe : Mantella aurantiaca. Ces petites grenouilles sont menacées par la capture excessive pour leur exportation en Europe et en Amérique (marché de la terrariophilie) mais surtout par la déforestation.
Les espèces du genre Mantidactylus sont en général typiques des forêts pluviales de l'est. Elles sont moins colorées que les Mantella, mais ont néanmoins le même type de vie. En fait, elles pondent leurs oeufs dans un milieu sub-aérien et non pas directement dans l'eau. Leurs oeufs éclosent pendant les pluies et les têtards sont transportés par l'eau vers les ruisseaux où ils continuent leur développement.
L'autre grand groupe de grenouilles malgaches comprend les Boophis, appartenant à la sous-famille des Rhacophorinés. Elles sont des rainettes arboricoles et nocturnes, avec des grands yeux. Bien que leur nombre est assez grand, leur adaptation n'arrive pas au niveau des Mantellinés, et en général le type de reproduction est similaire à celui des grenouilles typiques : les oeufs sont déposés dans les ruisseaux de forêts ou dans des flaques temporaires, où les têtards se développent. Bien que les Boophis (40 espèces env. connues actuellement) préfèrent l'habitat des forêts pluviales. Il y a également des espèces typiques de l'ouest malgache, comme Boophis tephraeomystax ou comme B. xerophilus. Ces espèces peuvent aussi survivre dans des milieux assez dégradés comme les rizières.
Les Hyperolidés sont représentés seulement par le genre Heterixalus, assez similaire aux Hyperolius et Afrixalus africaines. La morphologie des Heterixalus est très "conservative", et les différentes espèces (10 env.) se distinguent surtout par leur couleur.
Les microhylidés Enfin il faut citer la troisième famille de grenouilles malgaches, les Microhylidés. Il s'agit d'un groupe hétérogène, avec des types de reproduction assez spéciaux. Une des espèces les plus connues est la "grenouille tomate" ou Dyscophus antongili, qui a la forme et la couleur d'une… tomate ! Comme pour les Mantella, la couleur rouge vif est synonyme de toxicité. En fait, lorsqu'un individu est attrapé par un serpent, il libère une colle blanchâtre qui bloque la bouche du prédateur. Malheureusement le Dyscophus est répandu seulement dans une petite zone du nord-est de Madagascar, proche de la baie d'Antongil. Cette espèce est menacée par les collectionneurs et par la réduction de son habitat naturel. Dyscophus antongili est aujourd'hui protégé par la convention de Washington (Annexe 1 de la CITES). Les autres espèces de Microhylidés sont plus difficiles à observer par un non-initié. Certaines espèces, comme celles appartenant au genre Stumpffia font partie des plus petits vertébrés du monde (1,5 cm). Elles s'abritent dans la litière des forêts pluviales, d'où elles émettent des cris assez modulés, qui rappellent le cri des grillons. En général, les Microhylidés se reproduisent dans des habitats spécialisés. Les espèces de Platypelis et d'Anodonthyla pondent leurs oeufs à l'intérieur des cannes de bambou remplies d'eau, ou à la base des feuilles de palmiers ou de Pandanus. Platypelis grandis pond ses oeufs dans des petites flaques à la base des palmes de l'arbre du voyageur (Ravenala). Le père, lui, garde les oeufs et surveille les nouveaux têtards, qui sont dépigmentés et… sans bouche. Il semble en fait que la sécrétion de la peau du mâle est indispensable pour prévenir les mycoses et pour garantir une bonne chance de survie des têtards.
Pour en savoir plus sur les amphibiens et les reptiles :
• Angel, F. 1942. Les lézards de Madagascar. Mém. Acad. Malg. 36:1-193
• Glaw, F. & Vences, M. 1994. A fieldguide to the Amphibians and Reptiles of Madagascar, second edition, including mammals and freshwater Fish. Vences und Glaw Verlag, Köln. Blommers Schlösser R. M. A. & Blanc, Ch. P. 1991. Amphibiens (Première partie). Faune de Madagascar 75 (1)
• Muséum National d'Histoire Naturelle
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