Personnalités


Des hommes, des femmes qui nous font partager leur vie, leur art, leur passion ayant un lien avec Madagascar.

 
 
 

Un peintre au couteau

 

 
 
 

 
 

Roland Rapanarivo

    L’un des plus grands peintres malgaches de tous les temps ne pouvait être que figuratif, marqué dans sa prime jeunesse par 18 mois de fuite en forêt avec toute sa famille durant l’insurrection de 1947. Le petit Roland était un bon élève à qui la maîtresse confiait certaines tâches comme celle de décorer la salle ou d’illustrer les cartons de tableau d’honneur. Éco touriste avant l’heure il aime traquer au plus profond de chaque région de Madagascar l’originalité d’une vue, la franchise d’une scène ou tout simplement les couleurs de la vie.

    Les petits métiers que Roland Raparivo a exercés avant d’opter définitivement et exclusivement pour la peinture en 1979 ne se comptent plus : taximan, menuisier, tourneur ajusteur, reporter photographe…il a même été laborantin dans un studio du temps où la photo couleur n’existait pas encore. Les gens confiaient leurs photos Noir et Blanc, essentiellement des images de mariage à immortaliser, pour qu’on les colorie à la main. Les robes roses des filles d’honneur pouvaient sans problème ressortir en bleu et très souvent le rouge à lèvres s’amusait à outrancièrement agresser le gris du décor. Mais déjà la graine d’artiste en lui se posait des questions et scrutait gauchement ce qui pourrait être sa voie : j’ai dessiné à l’école, là je peins des photos. Pourquoi ne serai-je pas peintre à part entière ? Le déclic est venu lors de sa rencontre avec le grand maître Ramanankamonjy quand, montrant timidement ses premiers essais il s’est entendu dire : “inutile d’entrer en apprentissage auprès de qui que ce soit mon petit, continue tel que tu es, au naturel”.

    Roland Raparivo peint uniquement au couteau et comme l’a relevé un critique on reconnaîtrait ses œuvres sans même sa signature. En 1984 le Musée International des Arts du 20è siècle qui a son siège à New York l’a choisi pour représenter les plasticiens malgaches. Une de ses toiles figure dans l’exposition itinérante de cette institution. Mais l’artiste pense aussi aux jeunes et appelle de tous ses vœux la création d’une Ecole des Beaux Arts à Madagascar pour que la relève puisse atteindre d’autres sommets. Il lui arrive d’ailleurs souvent de les inviter pour qu’ils s’imprègnent par l’observation de sa façon de travailler. “C’est tout ce que je peux faire, lâche-t-il presque comme pour s’excuser, je suis un bien piètre pédagogue !”