Explorateur en herbe


Pour les amoureux de la nature, prenez votre fouet
et votre chapeau mou, et zou

 
 

Si loin dans le temps…

 

 
Maison typique à flan de colline
 

 
Village perché au dessus de rizières
 

 
Colline Doany

    “Je vous attendais, c’est pourquoi j’ai mis mes boucles…” Comment a t-elle pu savoir ? Coquette encore la vieille dame qui ne paraît pas ses 75 ans, se nourrit exclusivement de poisson séchés et de tomates et ne tombe jamais malade. Paroissienne assidue de son église toute proche, épouse de catéchiste, elle est aussi par ce syncrétisme dont le malgache a le secret  la vestale du “Doany”, tombe devenue lieu de culte d’Andriamaheritsialainolontany le “Seigneur à qui on ne peut pas prendre sa terre” au sommet de la colline d’Ambohotany. C’est là qu’elle dialogue avec les ancêtres pendant les séances de “Tromba” et transmet des recettes de santé, de fertilité ou d’abondance. Ce matin là notre inspiration nous a emmené dans l’Avaradrano le berceau de la royauté Merina, où une colline peut en cacher une autre…
    Nous quittons la RN3, celle qui file sur Ambohimanga ou Anjozorobe peu après Sabotsy Namahena (SabNam pour les Tananariviens) en bifurquant  sur la gauche vers Lazaina. Ce village plusieurs fois séculaire possède les plus beaux “Tamboho” murs en terre battue remarquablement bien conservés et est fier de l’architecture toute en hauteur de ses maisons traditionnelles. Là est aussi la tombe de Ranivo  qui devait être exécutée en 1849 avec un groupe de chrétiens. La jeune fille de 16 ans était si belle que le bourreau n’eut pas le courage de la mettre à mort, se contentant de la gifler en ordonnant “emmenez-moi cette folle !”.



    Un des villages suivants est Iavoambony où on fabriquait du savon noir avec du suif et du “laro”. Cette plante dont la combustion donne une sorte de sel est utilisée aujourd’hui pour atténuer le piquant du tabac à chiquer. Au loin se profilent déjà Ambohimanga la “Colline Bleue” promue récemment  Patrimoine Mondial de l’UNESCO, Mangabe avec à son sommet le Doany du devin d’Andrianampoinimerina et, la plus à l’Ouest, notre destination du jour Ambohotany avec à ses pieds le hameau de Morarano.
    Ambohotany a dû être d’une certaine importance, étant doté de deux portes et de trois rangées de fossés. Plus on monte par une bonne route en terre  que l’on peut déserter à tout moment pour une multitude de chemins de chèvre, et plus la campagne de l’Imerina qui s’étend à perte de vue révèle sa majestueuse beauté. Même l’aéroport d’Ivato que l’on domine  parfaitement à partir de ce belvédère naturel semble s’être dépouillé de ses atours technologiques pour revenir à son élément originel. Délaissant pour une fois les hauteurs le roi Andrianampoinimerina s’y serait écrié : Tena iva ato ! (c’est vraiment bas par ici). Le nom est resté au lieu.
    Dans d’autres directions le regard scrute le Palais de la Reine qu’on croyait pourtant avoir semé loin derrière, ou la Colline Sacrée d’Imerimandroso. Les plus sportifs pousseront la randonnée en contrebas - car après il faudra remonter ! - jusqu’à Ambatoharanana, église anglicane construite en 1882 et véritable bijou architectural en pierre de taille.