De Fianarantsoa à Tulear
Le Sud


Ambalavao
Où il y a un nouvel enclos

La région d'Ambalavao, occupée par les Betsileo, fut le théâtre d'affrontements entre les Merina et les
Bara. C'est au XVIIIe siècle que le clan de pasteurs et guerriers Bara "Zafimanely" voulant étendre leur territoire vers le nord cherchèrent à s'emparer de la vallée fertile de la rivière Manantanana. Le roi Betsileo, du vaste territoire de Tsitondroina, Andriamanalimbetany, réussit à contenir leurs attaques. Ce n'est qu'à sa mort, que les Bara repoussèrent les Betsileo vers le pays de l'Isandra. Après cette défaite, les Merina décidèrent de s'interposer en implantant des postes militaires près de la rivière Manantanana et les Betsileo purent revenir dans la région.
Au début du XIXe siècle, le vaste pays Betsileo était soumis à Andrianampoinimerina. Ce dernier avait dépêché dans le pays des émissaires, les "Vadintany", censés représenter son autorité. Mais certains roitelets Betsileo ne respectaient que peu ces envoyés et les luttes intestines pour le pouvoir allaient bon train. C'est pourquoi Radama 1er, successeur d'Andrianampoinimerina, mena en 1811 une campagne visant à remettre de l'ordre auprès de ses vassaux Betsileo. Il s'employa à débouter Andriamponolona qui refusait manifestement de se soumettre à son autorité. Andriamponolona avait maltraité un "Vadintany", de plus il s'était emparé du pouvoir en chassant Rarivoarindrano, le successeur au royaume, désigné par le roi Andrianonibe, alors allié des Merina. C'est à quelques kilomètres d'Ambalavao, sur l'imprenable rocher d'Ifandana, qu'Andriamponolona se réfugia. Radama 1er installa un siège qui dura plusieurs semaines et poussa Andriamponolona à abdiquer. Les femmes et les enfants survivants furent alors amenés comme esclaves à Tananarive, tandis que les hommes étaient tous exécutés.
La ville actuelle d'Ambalavao a été créée à la fin du XIXe siècle, supplantant le village proche d'Ambohimandroso qui est le lieu de peuplement originel de la zone. Les invasions Merina par les rois Andrianampoinimerina, puis son fils Radama 1er, au début du XIXe siècle, ont amené une forte immigration Merina qui s'est installée à Ambohimandroso, "la ville qui progresse". Le commerce et l'artisanat Merina ont développé l'agriculture et l'élevage, notamment autour d'un site qui devint Ambalavao, " la nouvelle ville ". La cité prit ensuite le nom d'Ambalavao Tsienimparihy, " la ville qui n'arrive pas à contenir tout le monde ".

À la fin du XIXe siècle, la colonisation française s'établit à Ambalavao, notamment pour sa facilité d'accès au débouché du col de Vatoavo vers Fianarantsoa au nord. La ville devient le terminus de la Route Nationale 7 en 1916, et ses échanges commerciaux s'accroissent. C'est à cette époque qu'Ambalavao devient le premier marché de zébus de Madagascar, où convergent les grands troupeaux du sud.
C'est après l'Indépendance que furent édifiés la mairie, la poste, et l'hôpital, qui sont encore aujourd'hui les principaux bâtiments publics de la ville. Au cours du XXe siècle, la ville se développe lentement autour des activités du riz et du tabac. C'est aujourd'hui une Commune Urbaine qui compte environ 23 000 habitants, dont 15 000 en son centre.

La maison à varangue, patrimoine de la ville
L'une des richesses culturelles d'Ambalavao est son architecture de maisons à varangues. Ce style a été initié par l'Anglais James Cameron, à partir de 1865, à Antananarivo et s'est ensuite popularisé dans les campagnes des Hautes Terres. Les balustrades des varangues sont en bois ajouré formant des motifs variés et le pignon du toit se prolonge fréquemment par un ornement sculpté en forme de pointe. Cette architecture est particulièrement remarquable autour du petit marché où s'alignent ces maisons présentant un style à mi-chemin entre le traditionnel et colonial.

Les sites historiques
Le Rocher d'Ifandana au sud-est d'Ambalavao est un site sacré pour les Betsileo. Cette citadelle naturelle ressemblant à un assemblage de molaires, fut le lieu tragique du suicide collectif de nombreux résistants à l'invasion de l'armée du roi Radama Ier. Ils se jetèrent du haut de la falaise après un siège de deux mois. Les ossements présumés sont visibles dans une grotte à flanc de rocher. Le site se situe à 15 Km à l'est d'Ambalavao, accessible par une piste. Ce symbole de la résistance des Betsileo est l'un des reliefs qui marque le plus le bassin, non par son altitude (1.126 m), mais par son aspect original et par sa position centrale visible depuis de nombreux endroits.

Le tombeau royal du souverain Rarivoarindrano (1794-1840), situé à Vinany dans la commune d'Ambalavao, est abrité sous un sycomore multiculturel. Le tombeau, défiguré par des renforts en ciment, est en très mauvais état, mais présente un intérêt historique par son hôte. Le souverain du royaume d'Arindrano (l'un des anciens royaumes Betsileo), qui y repose vivait sous le règne de Radama Ier, et refusa de livrer bataille à l'envahisseur, préférant négocier pour sauver son peuple, devant l'inégalité des forces.
Il a été inhumé, selon la tradition orale, avec un zébu de robe jaune et des esclaves vivants.

Les marchés d'Ambalavao

• Le marché du Mercredi
Haut en couleurs, il propose de nombreux produits, notamment des tissus, et de
l'artisanat comme des poteries, des nattes et des chapeaux. Il attire les acheteurs et vendeurs venus de toute la région.

• Le marché de zébus (Antsenan'Omby)
C'est l'une des renommées d'Ambalavao et deuxième marché aux zébus de Madagascar après celui de Tsiroanomandidy. Il est installé sur une petite colline au sud de la ville. Il est en activité le mercredi et le jeudi matin. La majorité des animaux qui y transitent viennent d'Ihosy et du Grand Sud (Ampanihy, Betroka, Antanimora) pour être essentiellement vendue à des négociants d'Antananarivo. Ils sont ensuite transportés par camion vers la capitale ou à pied vers Fianarantsoa et Antsirabe.
À Madagascar, le zébu est le symbole de la richesse et de la puissance. Il est sacrifié lors des fêtes traditionnelles et notamment lors du retournement des morts (Famadihana).
Les dahalo, ou voleurs de zébus, sont un fléau dans la région. Une centaine de zébus sont volés chaque mois. Chez les Bara, la coutume veut que pour qu'un jeune devienne adulte, il doit montrer sa bravoure par le vol d'un zébu. Ainsi, un Bara qui n'est pas allé en prison aura du mal à trouver une femme.

Le vignoble
Originalité de la région, le vignoble façonne une partie du terroir. La singularité de la
viticulture à Madagascar est l'inversion des saisons par rapport à l'Europe. Ainsi la vendange se fait en janvier et février. Les caves Soavita, Chan Foui, et SVS (Société des Vins et Spiritueux) produisent des vins rouges, blancs, rosés et gris. Visites possibles de la cave Soavita, en bordure de la RN 7.

Le Papier Antemoro
Fabriqué à partir de la plante avoha, ce papier incrusté de plantes et de fleurs est entièrement naturel. Le procédé est originaire du pays Antemoro sur la côte sud-est, dont la population a des origines arabes. Il a été implanté à Ambalavao dans les années 1930. C'est pendant la Seconde Guerre Mondiale que la fabrique a connu son apogée, avec la pénurie de papier ordinaire. Aujourd'hui, cette production originale s'exporte en Europe et au Japon. La fabrique, située dans l'enceinte de l'hôtel Bougainvillier, se visite les jours de semaine et la production est en vente sur place.

Les Etoffes de Soie
Ambalavao est une ancienne région productrice de soie. Les lambalandy, utilisés pour recouvrir les morts, s'exportent dans tout le pays. Cet artisanat, qui était un peu tombé en désuétude, a été réactivé avec la création du Centre de Sériciculture d'Ankazondandy à la sortie sud de la ville (visite possible, voir Informations). La région d'Ambohimahamasina (45 Km à l'Est) pratique aussi traditionnellement cette activité. La boutique NathOcéane, à l'entrée nord de la ville, confectionne et commercialise des étoffes de soie sauvage, ainsi que des productions originales.

Une tradition funéraire originale

• Le Retournement des Morts
Les Betsileo, comme les Merina, pratiquent le rite annuel du retournement des morts, ou famadihana. Il s'agit d'exhumer les défunts enterrés loin ou dans des tombes non définitives, pour leur offrir une nouvelle sépulture, et un nouveau linceul, le lambalandy, étoffe de soie fabriquée traditionnellement dans la région. La cérémonie se pratique entre les mois de juin et de septembre.

• Des tombeaux perchés dans des grottes
Pour éviter le vol des fameux lambalandy, les défunts sont placés dans les grottes naturelles quasi-inaccessibles des montagnes. Les tombes sont refermées par des murs de pierres surmontées de crânes de zébus. Le massif des Trois Frères (Iandrambaky), très riche en cavernes le long des falaises, est ainsi un véritable sanctuaire où reposent des centaines de tombeaux. Cette pratique est cependant en perdition, mais reste l'occasion d'une cérémonie marquée d'un certain mysticisme.

La forêt d'Anja
Les paysans, conscients de l'intérêt économique que pouvait représenter cette forêt par le tourisme vert, ont décidé de la préserver. La forêt d'Anja est ainsi devenue un parc associatif paysan en 1992, gérée par une association, partenaire du Service des Eaux et Forêts et du WWF. La visite d'Anja est une occasion de découvrir un concentré de la flore et de la faune de Madagascar et des tombeaux traditionnels, pour une visite d'une heure seulement. L'accompagnement d'un guide est obligatoire et le prix d'entrée pour les visiteurs est de 25 000 fmg par personne.

Cette petite forêt naturelle s'étend au pied du massif d'Iandrambaky, également appelé les Trois Frères et remonte en forêt-galerie le long des pentes rocheuses. C'est un chaos de blocs rocheux parfois gigantesques, qui forment des points hauts dominant le secteur, et des grottes qui ont autrefois servi d'abri aux hommes, et maintenant aux animaux. Elle présente une grande richesse au niveau de sa flore et de sa faune. Vous découvrirez de nombreuses espèces d'orchidées, de ficus, de lianes, et sur les hauteurs, des plantes adaptées au milieu aride (kalanchoe, pachypodium nain) qui poussent sur un fin substrat le long des pentes escarpées.
La faune est dominée par une importante colonie de lémuriens maki dont 80 individus environ cohabitent, au sein de plusieurs familles. On y rencontre également de nombreuses espèces d'oiseaux. Les reptiles sont représentés par les caméléons, le boa de Madagascar, et autres batraciens. En bordure de la forêt, un étang alimenté par le ruissellement le long du massif abrite épisodiquement plusieurs variétés de palmipèdes (canard à bec rouge, sarcelle malgache). Le plan d'eau, où a été introduite la carpe royale, est un lieu de pêche au filet pour les habitants des villages voisins.

La montagne d'Ambondrombe
À 45 Km à l'Est d'Ambalavao, par une bonne piste rénovée et à proximité du village d'Ambohimahamasina, la montagne sacrée d'Ambondrombe surplombe la falaise orientale de Madagascar. C'est un sanctuaire, où selon la tradition, reposent les âmes des morts. C'est déjà le début des forêts primaires de l'Est.

L'Association Malgache des Populations des Montagnes du Monde a créé ici des circuits de randonnée avec bivouac qui vous feront découvrir des sites exceptionnels et peu visités, car en dehors des sentiers battus.

Pour plus d'information : contacter l'agence Sudway ou l'Association des Populations des Montagnes du Monde (Tél. : 75 514 68).

Le "savika"
Sport traditionnel et initiatique qui oppose jeunes Betsileo aux zébus dans des combats à "mains nues".

Parc national de l'Andringitra
(Voir Réserves Naturelles)

Ihosy
Corde

"Itompomanananirariny" (le seigneur qui est juste) était autrefois un village fortifié situé au sommet d'une colline à l'Est de la ville actuelle. Les Merina occupèrent ce fief Bara à partir de 1848 et en firent un chef-lieu jusqu'à l'arrivée des Français. La ville nouvelle fût bâtie près de la rivière "Ihosy" signifiant corde, à l'image d'une corde jetée à terre qui serpente comme le cours d'une rivière...

Située en plein pays Bara au pied de l'imposant plateau de l'Horombe, Ihosy est au croisement des routes menant à l'Est (Farafangana) à l'Ouest (Tuléar) et vers le Sud (Ambovombe - Fort Dauphin).

Les Ringa
(Luttes à "mains nues")

Village fortifié d'Itompomanananirariny
Ruines encore visibles de l'enceinte construite en terre battue.

Ranohira
L'eau aux lémuriens

Plusieurs hypothèses sont avancées sur l'origine du nom de l'Isalo. La première explication avance que le site a été baptisé ainsi à la suite d'un combat où les vaincus avaient été dépouillés. La deuxième repose sur une de ces nombreuses légendes qui entourent cette zone au relief étrange et peu hospitalier. Celle-ci prétend que le massif servait de repère à des bandits "Fahavalo" qui détroussaient les voyageurs. Pour échapper à d'éventuels poursuivants, ces derniers s'enduisaient d'une couche de graisse de zébu.
L'Isalo est un massif imposant s'étendant sur près de cent kilomètres dans le sens nord-sud et culminant à une altitude moyenne de 1000 m. La marche à pied est d'ailleurs le seul moyen de le découvrir en profondeur avec comme but, les grottes dites de "Tenika" ou grottes des Portugais. Au préalable demander une autorisation d'entrée car une grande partie du Massif de l'Isalo est classée Parc National.

Le parc national de l'Isalo
(Voir Réserves Naturelles)

Ilakaka

Ilakaka autrefois petit village paisible et isolé est devenu en quelques mois une véritable "ville far west" comptant jusqu'à près de 100 000 personnes, avec la découverte en 1998 dans cette zone d'un des plus gros gisements de saphir au monde. Du petit commerçant, au concessionnaire automobile en passant par les milliers de travailleurs qui laissent d'immenses trous béants, c'est l'espoir de s'enrichir très vite qui anime tout un chacun. Il s'ensuit que cette fièvre a gagné tout le pays et chaque jour des centaines de personnes affluent dans la région pour tenter leur chance...

Sakaraha

La ville de Sakaraha, autrefois petit bourg agricole s'est récemment reconverti dans le commerce en devenant la base arrière des acheteurs et revendeurs de pierres précieuses en provenance de toute la région.

De nombreux bars, discothèques, hôtels et autres commerces ont poussé comme de véritables champignons avec l'arrivée des acheteurs de pierres notamment Sri-Lankais et Thaïlandais.

Le parc national de Zombitse et de Vohibasia
(Voir Réserves Naturelles)































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