Les arts & métiers
Les malgaches sont souvent très ingénieux et inventifs dans certains métiers dont les savoirs faire se sont parfois perdus ailleurs...
La Ferronnerie d'art



L’endroit est facile à trouver à l’embranchement de la nouvelle route du Marais Masay et de la RN3 menant à la colline d’Ambohimanga. Il y a longtemps de cela, et les anciens s’en souviennent, l’adresse était connue et courue, car synonyme de travail à l’irréprochable solidité sous la houlette de ces forgerons amoureux de leur métier qu’étaient les anciens propriétaires, le couple Loisel. Depuis la reprise de l’affaire en 1986 par la famille Rakotonirina, une nouvelle orientation s’est imposée sans pour autant renier les acquis, avec l’utilisation grandissante du laiton et un souci artistique plus marqué. Derrière tous ces petits chefs-d’œuvre à vous donner le tournis on sent la main, ou plutôt l’inspiration de Florence qui dirige avec son frère une entreprise passée en deux fois dix ans de 4 à aujourd’hui plus de 70 ouvriers.
Dinanderie : ensemble des ustensiles de cuivre jaune, dixit le petit Robert. C’est le terme approprié pour le travail du laiton qui est un mélange de cuivre et de zinc. Le 4ème métal le plus précieux semble-t-il, alors que le fer ne pointe que très loin derrière. Si ce dernier requiert essentiellement un travail de forge par lequel on dessine des volutes et autres formes, avec le laiton il s’agit pour beaucoup d’un travail de découpe et de martelage. Florence se tient au courant des tendances de la décoration, crée et transmet les esquisses à ses équipes. Un ouvrier a besoin de 6 ans de formation avant de souder. Il doit d’abord se contenter de nettoyer, de reluire, d’assister son chef.
Les plus beaux effets sont obtenus en mariant le fer et le laiton à d’autres matériaux, notamment les pierres semi-précieuses dont regorge le sous-sol de l’île, et les bois silicifiés. Coraux et écailles donnaient également une envoûtante aura à la lumière des lampes, du temps où la législation en matière de conservation autorisait leur utilisation.
Tout à la Ferronnerie d’Art est fait main car c’est cette « humanité » qui donne aux œuvres leur valeur. La lenteur est ici aussi une vertu, chaque pièce étant unique et devant être adaptée aux formes et dimensions de ses éléments. Et comme il n’y aura jamais deux pierres qui soient rigoureusement identiques, un modèle ne pourra être réutilisé qu’en modifiant à chaque fois les mesures.
C’est pourquoi l’exportation et ses exigences de délais, de quantités ou de production en série n’ont jusqu’à présent pas effleuré les Rakotonirina. Les visiteurs de passage forment d’ailleurs déjà une partie importante de la clientèle de la Ferronnerie d’Art. « Si tu ne vas pas à la montagne, la montagne ira à toi », et pour qui aime le Beau, le Beau est un aimant…