Tourisme
"Le Tourisme: Il faut vraiment le vivre avant de s'y lancer"Le tourisme est une des industries d’exportation porteuse de devises pour Madagascar. Des opérateurs s'y lancent sans vraiment le vivre, mais tout simplement pour se faire de l'argent. Les professionnels pensent que comme tout métier, "on doit d'abord l'aimer et pour pouvoir l'aimer, il faut le vivre". La vie professionnelle de Jocelyn Ramanambohitra est un bel exemple de cette idée. Il a commencé dans le métier en tant que serveur dans un grand hôtel de la Capitale, puis guide chez un tour opérateur avant de poursuivre ses études de management du tourisme en Suisse. Durant ses études, il a fait un stage de un an dans un TO spécialiste suisse de l'Océan Indien. Puis son diplôme en poche, il a travaillé chez un agent de voyage et puis dans une compagnie aérienne arabe. Arrivé au pays en 2001, il a voulu créer sa propre entreprise, mais vu les événements sociopolitiques, il a préféré rentrer en Suisse et n'a pu créer Exelans Tourism qu'en 2007. Bref, il a brassé presque toutes les facettes de l'industrie du tourisme durant plus de 20 ans de carrière. Pour lui, atteindre les 500.000 touristes par an à partir de 2012 n'est pas une utopie, c'est faisable mais il faut des infrastructures d'accueil et améliorer les transports. "Avec l'Open sky, imaginez que les compagnies aériennes amènent un million de touristes. Où les mettra-t-on ?", a affirmé M. Ramanambohitra tout en ajoutant que beaucoup de choses peuvent nuire au tourisme malgache notamment le monde de professionnalisme. "Certains opérateurs ne savent vraiment pas ce qu'ils font", a-t-il déclaré. Quant à ceux qui ont un peu d'expérience, ils se font désirer en demandant un salaire prohibitif. "Il faut reconnaître que le secteur tourisme n'est pas comme les autres secteurs d'activité (l'informatique ou autre) où on est bien payé. Mais ce manque est compensé par divers avantages que les autres n'ont pas tel les voyages à prix réduits....", a ajouté M. Ramanambohitra. Ou encore les ambitions trop hâtives des étudiants fraîchement diplômés des écoles de formation en tourisme et qui se veulent déjà être cadres dès leur première entrée au monde professionnel. Et le plus pire, c'est le tourisme de masse. "Imaginez qu'il y a 200 touristes qui visitent Nosy Tanikely chaque jour. D'ici 5 ans, cet îlot n'existera plus. Il faut faire très attention là-dessus et ne pas s'embarquer dans ce style de tourisme dont les effets nuisent à l'environnement". La solution est de décentraliser le tourisme, quitte à créer de nouvelles destinations. Madagascar étant reconnu pour son environnement si unique au monde et qui fait d'elle l'une des destinations les plus chères au monde. "Une notoriété qu'il faut garder et développer tout en se professionnalisant de plus en plus", a conclu Jocelyn Ramanambohitra.
Solofo Andrianjakarivelo
©moov.mg du 09 Décembre 2008