Les arts & métiers
Les malgaches sont souvent trés ingénieux et inventifs dans certains métiers dont les savoirs faire se sont parfois perdus ailleurs...
Tapis magique, Tapis mohair
Ampanihy est une petite bourgade égarée dans les immensités du Sud profond à mi-distance de Tuléar et de Fort-Dauphin. Dans plusieurs foyers le meuble principal est un métier à tisser artisanal car ici les femmes tissent depuis des générations.
Ampanihy est le berceau du tapis mohair travaillé à partir de la laine de la chèvre angora. Aussi idyllique qu’il soit le tableau est fragile car le cheptel s’amenuise. Les familles qui produisent pour leur propre compte utilisent le mohair local. Les mêmes artisanes se mettent sous contrat à la pièce avec l’atelier d’Eric Mallet qui, lui, fait venir de la matière de toute première qualité d’Afrique du Sud. La filière est longue et onéreuse puisque la laine partie de ce pays voisin remonte en Europe pour traitement avant de refaire tout le trajet en sens inverse. Jusqu’à présent c’est la seule solution pour contourner la pénurie en laine de qualité et sauvegarder un artisanat typiquement malgache. A part quelques petites poches de production de moindre niveau dans deux ou trois autres pays en effet le tapis mohair de luxe ne se rencontre qu’à Madagascar.

L’objectif de l’atelier est d’obtenir le plus beau tapis mohair du monde et on peut dire qu’il est atteint. La qualité d’un tapis est fonction de son nombre de nœuds car plus il en a et plus il est doux et compact. Celui d’Ampanihy en comporte 70 000 au m2 ce qui garantit un tapis épais, confortable et agréable à vivre. Le plus grand soin est apporté au serrage, au velours, à la finition sans jamais lésiner sur le coût à la réalisation. La teinture est strictement végétale à partir de plantes collectées dans la brousse environnante. Cela donne une palette de tons bien dans les tendances actuelles en matière de coloris et avec l’avantage d’être entièrement bio. Les motifs s’inspirent des bijoux traditionnels, des symboles Mahafaly et Antandroy sans toutefois se priver d’y apporter de temps à autre une touche venue d’ailleurs.
A Ampanihy le temps ne compte pas, les délais de production étant à peu près d’un mois par m2 et par personne. L’atelier s’accommode des contraintes culturelles et sociales qui éloignent parfois les tisserandes de leur métier sans préavis. Mais les absences sont largement compensées par leur talent et leur sensibilité. Il faut bien accepter de la beauté certains de ses caprices...