Personnalités
Des hommes, des femmes qui nous font partager leur vie, leur art, leur passion ayant un lien avec Madagascar.
- • Antoine
> 22/01/2011
• Anton
> 22/01/2011
• Lalaina Ravelomanana
> 22/01/2011
Balade au pays des senteurs
“En matière de plantes, Madagascar est un pays béni des Dieux… ”Avec Roland Ramboatiana
Directeur General de Phael Flor
• Thompson Andriamanoro : Monsieur le Directeur Général, de but en blanc je souhaiterais que l’on parle de cette véritable fièvre du ravintsara dans les milieux mondiaux des huiles essentielles ?
Roland Ramboatiana : Le ravintsara est un produit pharmaceutique sous forme d’extrait mais qui peut être utilisé en aromathérapie, voire en parfumerie ou en cosmétique. Son nom scientifique est le Cinnamonum Camphora, ce qui sous entend la présence de camphre. Il se trouve que le Ravintsara malgache ne contient pas de camphre, ou tout au plus quelques traces. Cela est peut être dû au climat, au biotope. Il en résulte qu’il est très recherché sur le marché international, notamment aux Etats-Unis et en Europe du Nord… Le prix de l’huile essentielle de ravintsara est d’environ 70 euros le kilo. Madagascar n’en produit qu’une tonne par an pour une demande avoisinant les 20 tonnes ! La marge de progression est donc énorme, mais permettez-moi d’être dubitatif devant cette vulgarisation à outrance du ravintsara par le biais des reboisements qui risque d’aboutir à une dépréciation du produit.
• Notre escale suivante, la vanille ?
Je précise d’abord qu’on ne fait pas d’huile essentielle de vanille, mais des extraits qu’on appelle oléorésine. Ceci dit, parlons plutôt de l’épouvantail de service qu’est la vanilline. Pourquoi les utilisateurs se tournent-ils vers le synthétique ? Ils reconnaissent tous qu’il n’y a jamais assez de vanille naturelle pour satisfaire le marché international. Ce n’est donc pas uniquement une question de prix, il faut adopter une démarche différente pour maîtriser le marché.
• Le poivre ?
Le premier pays producteur de poivre est l’Inde mais son poivre n’a rien à voir avec le nôtre, en qualité s’entend. Le poivre de Madagascar est utilisé surtout en tant que bonificateur, tellement il est bon ! Son prix est presque le double de celui de l’Inde. L’astuce des importateurs est d’acheter le poivre de l’Inde pour son prix et celui de Madagascar pour sa qualité. Ils font ensuite un coupage pour obtenir un produit moyen à prix moyen.
• Impossible dans notre périple de faire l’impasse sur l’univers du cosmétique et de la parfumerie…
Votre question me fait tout de suite penser aux femmes du Nord de Madagascar qui s’enduisent le visage de masonjoany. Ce produit possède certainement des vertus de protection et d’embellissement qui gagneraient d’être exploitées d’une manière plus scientifique. Ceci dit, en parfumerie les matières les plus cotées sont l’huile essentielle de jasmin et celle de rose que l’on fabrique en Europe, dans le Maghreb ou encore en Turquie. Etant à 120 Euros contre 2500 Euros ou même plus pour ses concurrentes, l’ylang ylang est certes plus économique mais il n’empêche que dans le jargon on l’appelle le « jasmin du pauvre »…
• Combien de plantes sont-elles répertoriées à ce jour ?
Une bonne trentaine, dont 20 pour les huiles essentielles. On pourrait les classer en trois catégories : celles déjà exploitées du temps de la colonisation, celles qui sont plus récentes, et celles qui ont été redécouvertes.
Le ravintsara et le géranium ne donnent que sur les Hauts Plateaux, avec une extension sur Moramanga et Beforona pour le gingembre. La notoriété du Nord et de l’Est est établie de longue date pour ce qui est notamment de la cannelle, du niaouli, de la vanille, du poivre et du girofle. A l’Ouest on pourrait citer le mandravasarotra et surtout le vahanamalona, une liane aux vertus parapharmaceutiques, et au Sud le katrafay.
• Contribuent-elles à l’image de Madagascar ?
Absolument. Dans beaucoup de pays Madagascar est aussi synonyme de vanille, girofle, ylang ylang, et j’en passe ! Je ne connais pas un seul exploitant à l’extérieur qui ne recherche ne serait-ce qu’une huile essentielle de Madagascar. L’Ile aux Parfums en fait n’est pas seulement Nosy Be, mais tout le pays !